- Il est où ce putain de chien ?
- ...

- On devrait peut-être se séparer...
- Ah.... Si c'est ce que tu veux, c'est ton problème ! Mais je te conseille de trouver un bon avocat... je ne compte pas me laisser faire ! Je prendrais la maison avec son sofa, sa barrière et son caractère. Tu n'auras rien ! Et tu me devras une pension alimentaire pour les enfants que tu n'as pas voulu me donner, le chien que TU as perdu ! Enfoiré !
- ...
- Ah ah ! Tu ne sais pas quoi répondre n'est-ce pas ? Tu voulais faire l'Homme mais tu te rend compte que tu n'es qu'une lopette !
- Non, c'est pas ça mon cœur, c'est juste que je parlais de se séparer pour retrouver le chien...
- Ah.
- Tu es un peu sous pression je crois.
- ...
- ...
- Ne m'appelle pas ton "cœur"... s'il te plaît.


Et bien sûr, on va encore boire, pour pisser Dieu ne sait où.
 


Je ne met pas de « cher journal », désolé de te décevoir mon gars. Car en fait, t'es pas un journal intime, j'ai pas besoin de ça. Un journal intime c'est bon pour les mauviettes, les tapettes, les nanas et les crétins. Je ne fait partie d'aucunes de ces catégories de personnes. Heureusement, je me serais déjà crevé sinon. Sous un bus. Ou sous un train. Bref. Si tu n'es pas un journal intime de mes deux, c'est que t'es simplement un carnet de bord, un copilote. Le premier à savoir ce qui se passe dans ma tête. Tu vas savoir mes ambitions, mes rêves de gamins. Enfin, Mon Rêve de gamin toujours non exaucé. Mais ça ne saurait tarder. Tu vas être étonné mon pote.


J'ai commencé a te décrire ces personnes qui peuplent ce monde. Tous ces crétins sans cervelles, qui masturbent leurs peu de matière grise pour éjaculer des tas d'idées foireuses et répugnantes. Des immondices, des excréments puants qui salissent tout. Tout !


Sérieusement, tu ne trouves pas qu'il est lamentable l'Homme ? L'Homme… il est pitoyable. L'Homme qui sépare la planète en continents, puis en pays, puis en régions, en départements. Ce putain d'Homme qui se croit plus intelligent que tout être-vivant et qui, paradoxalement, créé une bombe atomique pour pouvoir se détruire. Il me fait rire l'Homme. Ou bien pleurer. Je crache sur l'humanité, je la piétine. Oh ! je ne dis pas tout savoir, tout avoir compris. Non. Je sais juste qu'il vaut mieux, en constatant la bassesse des Hommes, rester ses petites fesses posées sur un canapé, et boire. En voilà une bonne invention ! Une invention sur laquelle je ne me permettrais pas de cracher. L'alcool est mon compagnon, mon ami. Là, je suis sûr que tu me prends pour un taré, un de ces déchets d'ivrognes qui pullulent sur les trottoirs et pissent sur les murs. Pense pas ça copilote ! je bois, non pas pour oublier, mais pour éveiller mes sens. Je ne suis pas un raté, un déchet. Je me suis laissé attraper par le système et je bosse, un peu, pour pouvoir payer le loyer de mon petit appartement, de quoi manger, de quoi boire. Et des clopes. Là tu vas me dire que je fait ce que, justement, ce que je déteste chez les Hommes. Tu vas me dire que je m'inscrit dans ce processus de société, de consommation, de plaisirs pourris, de putains sur le bord de la route, de drapeaux tricolores, de feux rouges et de télévision. Oui, c'est vrai. J'y prend part quand ça devient nécessaire. Et c'est plus que nécessaire de fumer, de boire. Fumer, c'est de la connerie, je l'avoue, je me suis sûrement laissé influencé comme un con… mais au bout de quarante trois années passés sur cette Terre, je m'accorde le droit d'avoir cédé, une fois, une seule petite fois à un phénomène de société. J'en été où ? tu vois, je me perd à me justifier. Je devrais pas en fait.


 Je parlais de l'alcool, je vais revenir à l'alcool, histoire que tu comprennes tout ce que je te raconte, parce-que c'est important que tout soit bien clair. C'est important. L'alcool c'est ce qui me permet de voir les choses autrement. C'est tellement marrant de voir les gens évoluer quand on a bu. Je te jure, je les trouves encore plus cocasses, encore plus ridicules et les observer en étant bourré, c'est de bonnes parties de rigolades assurées.


Bon mec, je bavarderais bien toute la nuit mais il faudrait qu'à un moment, j'en arrive au fait. Je n'écris pas ici juste pour expliquer ce monde à ma façon mais parce-que j'ai une ambition, une vraie de vraie. Une ambitions qui, une fois aboutie, pourra me permettre de crever dignement. Et ça c'est important, copilote. Mourir pour quelque chose c'est l'essence même de notre présence sur Terre. Ouais, si on est tous ici, moi et tous les minables qui me servent de congénères, c'est pas pour écouter péter les boucs. Non, on a tous quelque chose à faire. Et bien que presque tous se soient perdus dans leurs affaires, leurs recherches de bonheur moisi, leurs besoin de stabilité « gnangnan » qui me fait tant rire, moi je n'ai pas oublié ce pourquoi je suis là. Cher copilote, moi je suis là pour montrer la voie. Et pour ce faire, je dois exécuter quelque chose d'important. De vraiment important.


Ça dépend. Il y a des moments où je vais aimer leurs présence, et d'autres où ils vont m'insupporter. Lors des repas par exemples. Je n'aime pas voir ma sœur manger la bouche ouverte, les entendre mâcher, c'est con. J'aime bien me dire que ma mère est instit', qu'elle contribue a l'épanouissement de ses élèves, qu'elle les punis aussi, parfois. Je trouve ça formidable qu'il ai fait de sa passion son travail, de voir que pour le CROUS, à eux deux, ils sont des "cadres suppérieurs, profession intellectuelle". C'est prétentieux un peu, mais savoir qu'ils sont cultivés et intéressants me rend fière. Et puis, ils m'énervent avec certaines de leurs valeurs vielle France et leur morales bobos, leurs côté pépère et peu aventureux. J'aimerai revoir ma mère façon "bab-indienne" comme elle le dit elle même, avec son collier de toutes les couleurs, son carré court et sa frange. Je voudrais revivre ses vingt ans et ses galères, ses tournées des bars et son côté insouciant. On a une belle maison, un grand jardin, un piano et un Télérama toujours présent sur la table. France Inter pour cuisiner, une cheminée et beaucoup de cendriers, certains étant seulement des coquilles de noix de St Jacques. Je suis partagée entre le fait d'être heureuse de quitter bientôt le cocon familial et la peur de ne plus partager de moments simples, quand elle joue de la flûte traversière, et qu'il a le nez collé à ses partitions sur l'ordinateur, quand mon frère agite ses bras devant need for speed, quand ma sœur prépare ses repas de "restaurant" avec des légos.

J'ai foiré mes maths.
Mais merci Arthur.
J'ai loupé mon oral. Je me chie pour l'éco.
Mais vtff. Le théâtre, c'était bien.

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